Wednesday, March 12, 2014

A road home

Demain ça fera un an.

Un an que tu m'as abandonné dans cette vie à laquelle je tente encore et toujours de m'adapter, dans laquelle je m'efforce d'avoir une vraie place et ne pas rester en surface. Un monde dans lequel j'essaye de m'investir pour oublier d'être objectif et de me souvenir que ce n'est pas réellement le chemin sur lequel j'étais lancé. Je m'y plais, je me plais dans ce que j'ai fait naître, dans ce que j'ai voulu embrasser; mais il reste un décalage majeur entre ce que je ressens et ce que je vis. J'ai l'impression d'avoir à sans arrêt faire la transition entre deux univers différents qui se superposent parfois. Un décalage encré dans la logique, que j'apprends à comprendre pour m'y adapter.
L'adaptation.
Ca a été que ça depuis un an. 
Devenir fort ça m'a pas aidé à m'en sortir, ça m'a simplement apporté un confort plus important lorsque je me suis tiré du trou. Un confort tout court. Je me suis adapté avec les méthodes, les gens qui étaient à ma portée. J'ai pris ce que j'avais et j'ai essayé d'en tirer ce que j'avais. Je me suis adapté aux conséquences de ton absence, aux faits. J'ai échoué à m'adapter au fond.
T'es partie quand t'en avais besoin, et j'en avais pas envie. C'est ce que j'ai pensé des mois et des mois. La vérité c'est que tu es partie quand tu en avais envie quand j'avais besoin de toi. Je sais que je ressasse, que je répète, que je tourne en rond sans récolter la moindre information. J'ai pas réussi à enfermer le passé et ton image qui me sourit. J'ai pas réussi à oublier tes tics de langage, d'attitude, les petits rituels ou les grandes paroles muettes. J'ai échoué à te rendre vraiment heureuse quand j'en étais pas encore fondamentalement capable. J'ai échoué, je l'ai assez dit.
J'ai échoué à réussir.
J'en veux à qui j'étais, de ne pas avoir su ralentir, de ne pas avoir eu l'intelligence, la force, le recul de préserver un minimum ses fonctions vitales, de protéger son être. Son erreur m'a fait perdre du temps et m'a laissé les marques d'erreurs dont je n'ai pas la moindre utilité.
Il y a une coupure singulière entre lui et moi. Singulière en le fait qu'elle a été réalisé progressivement, par étapes. Mais toutes les idées intermédiaires, les personnalités par lesquelles je suis passé, tout s'est évaporé. Il reste lui. Il y a moi. Et je lutte sans cesse contre des images, des sons, des odeurs qui ne m'appartiennent pas. Je me bats contre quelque chose de bien plus faible que moi sans avoir la moindre chance de gagner. C'est une sensation extremement désagréable.
Car oui j'ai pris certains de tes tics de langage par exemple Emma, et ça m'arrive, de façon inconsciente, de m'en servir avant de réaliser que tu es encore présente, que tu as encore une existence dans mon présent à ma façon. Les vestiges laissés par un nous dont la durée d'existence surpasse, encore aujourd'hui, de beaucoup qui je suis. Et ça me rend malade.
Tu es un parasite, crée dans un but, essentiel; mais qui gâche une partir de ma liberté. Tu es un virus qui m'handicappe. Je marche. Je mange. Je coure. Je saute. J'aime plus.
J'aime plus.
Ce n'est pas que je ne veux plus parce que je me souviens de la douleur et du chagrin. Je ne suis plus capable d'aimer, psychologiquement. J'ai perdu cette capacité, et je sais que je ne pourrai jamais la retrouver totalement. Ca a été broyé lors de l'ouragan. Et aujourd'hui je suis seul, parce que tu ne m'as laissé aucun indice, aucun plan pour m'expliquer comment on fait après. Tu es partie en lâche sans même prendre le temps de t'asseoir et de me donner le strict minimum, en considérant notre histoire.
J'ai du mal à assumer la faiblesse de souffrir encore un peu quand toi tu as guéri aussi vite. J'ai certaines difficultés, et c'est lié à qui je suis devenu car ce n'était pas le cas il y a un an, à accepter d'avoir mal calculé l'impact de ton départ et les précautions nécessaires à lettre en place pour conserver ce qui était important et aurait du être préservé de la catastrophe.
Mais soit.

Tu m'as pas laissé le droit de m'occuper de toi, mais j'ai trouvé d'autres personnes qui ont autant de valeur à mes yeux que tu en avais dont je dois m'occuper.
J'ai plus besoin de toi aujourd'hui.

J'aurai plus jamais besoin de toi Emma.

Mais ça m'empêchera jamais de continuer à te regretter.

Sunday, March 9, 2014

Interception

Je n'avais pas envie de rentrer ce soir. Parce que je sais ce qui m'attend cette semaine.
On est le 9 Mars, quand j'aurai fini d'écrire ces lignes, on sera déjà le 10.
Et je sais où ça me mène.

J'ai de nouveaux jeans. Mais il y en a un qui taille 38.
C'est trop grand pour moi, 38.
Alors j'ai cherché dans le placard, dans l'espoir de trouver une ceinture.

J'en ai trouvé une.
A coté de mon vieux téléphone.

La curiosité, certainement. La curiosité qui m'a fait le prendre dans les mains et l'allumer.
Il ne reste pas grand chose dessus, à part quelques photos que j'ai encore dessus, mais " no big deal ".
J'avais bien pensé à effacer tous les messages de la boite de réception.

J'avais oublié de supprimer les messages sauvegardés.
Ou peut-être n'avais pas voulu. Surement n'avais-je pas voulu.
Mais pourquoi? Dans quel but? Quel intérêt de me laisser ça pour aujourd'hui à l'époque? Quel était le plan?
Il n'y en avait pas?

J'ai vu. J'ai lu.
J'ai plongé dans les profondeurs de ce qui se trouve là au fond. J'ai compris des mots que j'aurais du entendre plus tôt, avant que ce ne soit trop tard. J'ai compris énormément de choses, mais maintenant
Ça n'a plus aucun intérêt

Ça brûle. De réaliser combien j'étais aveugle, combien j'étais faible et stupide. Plus encore que je ne le pensais.
Cette petite voix au fond de ma tête qui a crié " tu ne t'en sortiras pas ". Quelque chose qui m'a alors pris le bras et en quelques fractions de seconde m'a emmené au plus profond, là où j'ai enfermé qui j'étais; pour me montrer la misère, la pauvreté, le dégoût qui règne derrière toute cette forteresse en verre. Une pensée qui a pour but d’annihiler tout le chemin parcouru, toutes les réussites, par simple claquement de doigt, clignement de paupière. Un mécanisme destiné à me replonger dans un état léthargique où il est bon d'être mort un peu.

Je me suis assis là sur mon lit, et de toutes mes forces, je me suis efforcé de ramener un fragment de qui je suis devenu. Lutter. Se battre. Pour ne pas replonger, ne pas revivre l'enfer, la solitude, le désespoir.

Ça aura duré 10 secondes, durant lesquelles j'ai fait tout le chemin aller-retour. J'ai réussi à me tirer vers le haut de justesse. Il m'aura fallu un an pour développer une telle capacité.

Mais il reste ce que j'ai compris.

J'ai chié. Je suis forcé de l'admettre. Plus encore que ce que j'imaginais. Alors quoi? J'ai perdu plus d'une fois face à la vie. J'ai pas arrêté de me battre depuis un an, et je ne suis pas fatigué de lutter; mais force est d'avouer que
Ça m'ennuie.

Devoir utiliser des méthodes dédiées à la survie pour vivre, ça m'emmerde. Avoir du adapter mon monde à ton souvenir, ça m'emmerde. Ne pas avoir le choix d'effacer ton passage dans ma vie ça m'emmerde.
Rien que de t'avoir aimé ça me casse les couilles concrètement.

Aujourd'hui, j'aimerais donner les clefs pour te rendre heureuse à ton ancien copain. Car j'aurais pu. J'ai ce qu'il faut aujourd'hui pour permettre le bonheur de la fille que tu étais. On a loupé le rendez-vous toi et moi.

Et alors qu'on a toujours pensé que tu étais arrivé trop tôt dans ma vie.
C'est moi qui ne suis pas arrivé assez tard dans la tienne.

Aujourd'hui, j'aurais eu mes chances de réussir ce que, à l'époque
je n'ai même pas essayé

T'es partie dans 4 jours Emma, et je ne peux pas nier le fait que tu constitues, encore, une part nécessaire de ma vie quotidienne. Tu cristallises trop de choses, tu représentes toujours un lien entre le passé et le présent trop important.

Sais-tu combien de fois par semaine je pense à t'appeler, à t'envoyer un message? Et que je ne fais rien par respect pour ta vie actuelle?
Mais le pire c'est pas que ce genre d'envies n'ont pas diminué
Pas non plus qu'elles ont augmentées

Elles sont restées au même point

La non-évolution est ma plus grosse hantise, et ce statut quo n'a pas de sens pour moi.

Pourquoi? Pourquoi tu es encore là pour moi? Pourquoi dans le fond je t'attends toujours? Pourquoi je n'arrive pas à envisager que la moindre histoire avec quelqu'un d'autre pourrait exister?

Pourquoi j'ai été trop faible pour tuer définitivement qui j'étais au lieu de l'enfermer au fond et te laisser une place là où tu restes la plus dangereuse pour moi?

Je manque de réponses à des questions élaborées par ma conscience et qui n'ont pas de socle propre, pas de raison d'exister dans mon monde.
Et ça

Ça m'ennuie.


J’espère qu'un jour tu passeras ici Emma, pour voir, ou entrevoir quelques bribes , transcrites tant bien que mal avec des mots, de ce que ton passage dans ma vie a provoqué. Que tu réalises à quel point ton existence a influencé la mienne sur tous les plans temporels. Et que tu comprennes, au bout du compte que dans le fond

Je suis vraiment désolé.

Monday, March 3, 2014

Backdoor

Cette nuit, j'ai rêvé de toi. J'ai rêvé de toi, de ta présence; que tu étais encore là, pour quelques heures, quelques minutes. Je me suis réveillé et j'y croyais encore. J'y ai cru pendant quelques secondes. Je suppose que c'est la façon dont mon cerveau choisit d'une part de mettre fin à une semaine difficile de la façon la plus radicale. C'est surement aussi mon inconscient qui me rappelle que ça va faire un an que tu es partie. Un an, c'est long un an mine de rien. Plus long qu'on pourrait l'imaginer. Deux fois 6 mois, deux périodes aux antipodes l'une de l'autre. En un an, j'ai eu les pires moments de ma vie, et d'autres qui peuvent compter parmi les tout meilleurs. Mais j'ai encore mal au ventre quand je pense à toi après ce genre d'aventures nocturnes. J'ai encore mal au cœur.
Beaucoup de l'espace que tu y as détruit a été, à défaut de pouvoir être réparé, remplacé par une structure nouvelle. Mais au cœur du cœur, il reste et restera toujours cette matière sombre qui s'est accumulée. Elle est plus condensée, mais il y en a autant. Une cicatrice qui fait toujours aussi mal à la penser. La seule et unique chose qui a gardé un statut quo parfait. Je t'ai aimé, et je peux pas l'oublier; aussi dur que je puisse essayer.
Oui, j'aimerais l'oublier aujourd'hui.
J'aimerais juste t'oublier.
Mais pourquoi devenir plus fort si c'est pour tourner en rond au final, si c'est pour ne pas être capable de toucher aux fondements du problème?
Il faut peut-être encore laisser du temps au temps de temps en temps, autant que le temps en attend.

Merci pour rien.

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Ce soir avant d'aller me coucher, j'ai regardé mon reflet dans le miroir. Et là j'ai vu.
Ca va faire un an que tout a changé, un an dans 10 jours. C'est un anniversaire que je redoute un peu. Car en regardant en face de moi, je me suis souvenu, souvenu qu'un an, c'était pas la moitié du temps que tu avais passé ici, dans ma vie. Cette pensée est la seule, l'unique, que je n'arrive toujours pas à vaincre après tout ce temps. C'est la seule qui parvient à me tirer encore vers le bas, à me replonger momentanément, pendant quelques secondes, dans un univers où il n'y a plus rien. Plus d'espoir, plus d'avenir, plus de courage, plus de force. Plus rien.
J'ai connu cette défaite, et je serais bien stupide de penser pouvoir l'oublier tant que je tiens debout.
Un an c'est pas énorme sans que tu sois là. J'ai pas encore bien tout compris. J'ai presque bien tout changé.
J'ai commencé à trouver l'antidote, après des mois et des mois de recherche plus ou moins conscientes. J'ai les ingrédients, j'ai pas la formule; mais j'ai trouvé de quoi vivre de nouveau.
Comment je suis sensé gérer les souvenirs cependant? Comment je m'occupe du passé? Comment je pense les plaies impensables?
Dans ce que j'ai crée moi-même, il reste des zones d'ombre où je ne peux pas pénétrer. Nous c'était plus grand que moi, et ce que j'ai élaboré pour soutenir l'effondrement est au moins aussi grand qu'on l'était. J'ai pas le pouvoir de maîtriser ce que j'ai façonné pour survivre et essayer de vivre à nouveau.

Ce soir avant d'aller me coucher, j'ai regardé mon reflet dans le miroir. Et là j'ai vu.
J'ai vu que je ne me reconnaissais plus.

http://www.youtube.com/watch?v=1yw1Tgj9-VU