Je n'avais pas envie de rentrer ce soir. Parce que je sais ce qui m'attend cette semaine.
On est le 9 Mars, quand j'aurai fini d'écrire ces lignes, on sera déjà le 10.
Et je sais où ça me mène.
J'ai de nouveaux jeans. Mais il y en a un qui taille 38.
C'est trop grand pour moi, 38.
Alors j'ai cherché dans le placard, dans l'espoir de trouver une ceinture.
J'en ai trouvé une.
A coté de mon vieux téléphone.
La curiosité, certainement. La curiosité qui m'a fait le prendre dans les mains et l'allumer.
Il ne reste pas grand chose dessus, à part quelques photos que j'ai encore dessus, mais " no big deal ".
J'avais bien pensé à effacer tous les messages de la boite de réception.
J'avais oublié de supprimer les messages sauvegardés.
Ou peut-être n'avais pas voulu. Surement n'avais-je pas voulu.
Mais pourquoi? Dans quel but? Quel intérêt de me laisser ça pour aujourd'hui à l'époque? Quel était le plan?
Il n'y en avait pas?
J'ai vu. J'ai lu.
J'ai plongé dans les profondeurs de ce qui se trouve là au fond. J'ai compris des mots que j'aurais du entendre plus tôt, avant que ce ne soit trop tard. J'ai compris énormément de choses, mais maintenant
Ça n'a plus aucun intérêt
Ça brûle. De réaliser combien j'étais aveugle, combien j'étais faible et stupide. Plus encore que je ne le pensais.
Cette petite voix au fond de ma tête qui a crié " tu ne t'en sortiras pas ". Quelque chose qui m'a alors pris le bras et en quelques fractions de seconde m'a emmené au plus profond, là où j'ai enfermé qui j'étais; pour me montrer la misère, la pauvreté, le dégoût qui règne derrière toute cette forteresse en verre. Une pensée qui a pour but d’annihiler tout le chemin parcouru, toutes les réussites, par simple claquement de doigt, clignement de paupière. Un mécanisme destiné à me replonger dans un état léthargique où il est bon d'être mort un peu.
Je me suis assis là sur mon lit, et de toutes mes forces, je me suis efforcé de ramener un fragment de qui je suis devenu. Lutter. Se battre. Pour ne pas replonger, ne pas revivre l'enfer, la solitude, le désespoir.
Ça aura duré 10 secondes, durant lesquelles j'ai fait tout le chemin aller-retour. J'ai réussi à me tirer vers le haut de justesse. Il m'aura fallu un an pour développer une telle capacité.
Mais il reste ce que j'ai compris.
J'ai chié. Je suis forcé de l'admettre. Plus encore que ce que j'imaginais. Alors quoi? J'ai perdu plus d'une fois face à la vie. J'ai pas arrêté de me battre depuis un an, et je ne suis pas fatigué de lutter; mais force est d'avouer que
Ça m'ennuie.
Devoir utiliser des méthodes dédiées à la survie pour vivre, ça m'emmerde. Avoir du adapter mon monde à ton souvenir, ça m'emmerde. Ne pas avoir le choix d'effacer ton passage dans ma vie ça m'emmerde.
Rien que de t'avoir aimé ça me casse les couilles concrètement.
Aujourd'hui, j'aimerais donner les clefs pour te rendre heureuse à ton ancien copain. Car j'aurais pu. J'ai ce qu'il faut aujourd'hui pour permettre le bonheur de la fille que tu étais. On a loupé le rendez-vous toi et moi.
Et alors qu'on a toujours pensé que tu étais arrivé trop tôt dans ma vie.
C'est moi qui ne suis pas arrivé assez tard dans la tienne.
Aujourd'hui, j'aurais eu mes chances de réussir ce que, à l'époque
je n'ai même pas essayé
T'es partie dans 4 jours Emma, et je ne peux pas nier le fait que tu constitues, encore, une part nécessaire de ma vie quotidienne. Tu cristallises trop de choses, tu représentes toujours un lien entre le passé et le présent trop important.
Sais-tu combien de fois par semaine je pense à t'appeler, à t'envoyer un message? Et que je ne fais rien par respect pour ta vie actuelle?
Mais le pire c'est pas que ce genre d'envies n'ont pas diminué
Pas non plus qu'elles ont augmentées
Elles sont restées au même point
La non-évolution est ma plus grosse hantise, et ce statut quo n'a pas de sens pour moi.
Pourquoi? Pourquoi tu es encore là pour moi? Pourquoi dans le fond je t'attends toujours? Pourquoi je n'arrive pas à envisager que la moindre histoire avec quelqu'un d'autre pourrait exister?
Pourquoi j'ai été trop faible pour tuer définitivement qui j'étais au lieu de l'enfermer au fond et te laisser une place là où tu restes la plus dangereuse pour moi?
Je manque de réponses à des questions élaborées par ma conscience et qui n'ont pas de socle propre, pas de raison d'exister dans mon monde.
Et ça
Ça m'ennuie.
J’espère qu'un jour tu passeras ici Emma, pour voir, ou entrevoir quelques bribes , transcrites tant bien que mal avec des mots, de ce que ton passage dans ma vie a provoqué. Que tu réalises à quel point ton existence a influencé la mienne sur tous les plans temporels. Et que tu comprennes, au bout du compte que dans le fond
Je suis vraiment désolé.
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