Etre tout seul à la maison pour une semaine, ça me laisse beaucoup de temps avec moi-même. Je fais beaucoup d'efforts pour m'occuper l'esprit. Mais il y a un moment où ça doit sortir. Par des larmes, par de la colère, par des mots. Ce soir, j'ai pas envie de pleurer.
Ça fera 6 mois bientôt. Est-ce que tu peux m'expliquer toi, comment après autant de temps, comment après que mon cœur, mon cerveau, se soient habitués à ton absence; après que tu aies disparue de ma vie aussi vite que tu y étais entrée; comment ça peut faire encore si mal?
Ta présence dans ma vie peut être marquée d'un point. Tu n'existais pas, puis tu as été ma copine, puis tu as disparue de ma vie. Et c'est tout.
Pour l'oublier je fais des efforts, vraiment. J'essaye d'aller voir d'autres filles, j'essaye de voir d'autre choses. Ça marche.
Quelques minutes.
Quelques heures des fois.
Mais je tourne en rond. Oui ça va faire 6 mois que tu n'es plus là, et je suis seul avec tout ce qui me reste et que je pourrai jamais évacuer. J'ai pas passé une journée sans penser à toi. Ça me fait mal tous les jours, et j'ai appris à faire comme ça. Mais c'est pas agréable du tout comme sensation. Le bonheur, la joie, la tristesse, la détresse; un sentiment d'inhibition qui empêche tout de sortir. J'ai l'impression d'une enveloppe un peu vide. J'ai juste mal, et seul. Et c'est bien comme ça.
Je me souviens quand j'étais en Chine, et que j'avais peur. J'avais peur que tu partes. J'avais tellement peur. J'étais là sur le toit, à regarder la ville, en me disant que je payerais tout ce que j'avais pour t'avoir avec moi.
Tu sais quoi, je te l'ai jamais dit.
Mais le plus beau souvenir que j'ai dans ma vie, c'est plus cette bataille de boules de neige.
C'est que je t'ai serrée dans mes bras à l'aéroport. Cette sensation que tout irait bien, que le pire était passé.
Jamais, jamais j'aurais pensé que le pire restait à venir.
J'y ai cru tu sais la dernière fois que je t'ai vu, quand tu as dit que ça irait, que ça allait s'arranger. Je t'ai cru, je t'ai tellement cru.
Et à quoi bon?
T'as disparue, emportant tout avec toi.
La plus grosse partie de moi est restée avec toi; et les seules choses qui me rattachent à l'idée qu'il faut avancer sans me retourner, ce sont deux peluches.
Les deux que tu m'as offertes.
C'est drôle la vie hein.
Je m'en veux pas moins aujourd'hui, pas moins qu'il y a 5 mois et demi, j'ai pas moins de choses à dire; pas forcément plus. Pas forcément les mêmes.
Quand je pense à tout ce que j'aimerais que tu saches je me dis que de toute façon, ça sert à rien.
La vérité c'est certainement qu'à l'heure d'aujourd'hui
T'en as plus rien à foutre.
Je suis surement plus qu'un souvenir un peu amer, qu'on évoque pas trop. Un premier copain pas terrible, bourré de défauts, un peu trop bizarre. Tu te dis surement que sur le long terme, ça pouvait pas durer; que c'était mieux comme ça. Et tu as surement rencontré des garçons bien mieux, qui sont capables de t'apporter ce que tu veux à tous les niveaux. Je suis bien derrière.
En tout cas moi c'est ce que j'ai essayé de me dire.
J'y arrive pas.
J'ai rêvé que tu revenais cette nuit. Tu m'aimais plus, jusque là rien de différent par rapport au réel. Mais tu étais là. C'était dur, mais tu étais là.
J'étais pas seul.
Je t'ai trop demandé, je t'ai pas assez donné. Et tu verras jamais comme j'ai changé.
Et dans le fond, même si je dis que j'ai changé pour m'en sortir; je suis bien obligé de l'admettre.
A la base, si j'ai changé
C'était pour quand tu reviendrais.
Malheureusement, je sais aujourd'hui que c'est quelque chose qui arrivera pas.
Alors j'ai changé pour toi, trop tard. Tu existes même plus, tes photos sont cachées, les souvenirs, tout. Tu m'as laissé d'un coup, je sais pas si c'était réfléchi.
Je t'en veux pas quoi.
Mais je l'ai mal vécu, et je le vis toujours très mal.
Il y a quelques semaines, j'étais pas bien, et j'ai vu un mikado sur mon bureau. Je sais pas, j'ai voulu le prendre, sans vraiment idée de ce que je ferais avec. Mais c'était pointu, et j'avais envie de le prendre.
La première fois que j'ai crié c'était bien à cause de choses pointues, même si tu t'en souviens pas. Je l'ai pris et j'ai découvert qu'au bout, il y avait un bout en plastique qui avait été imbriqué. C'est toi qui l'avais fait un jour. Même plus là, tu as empêché que je fasse une connerie.
J'ai tout caché, alors pourquoi t'es là tout le temps?
Je regrette beaucoup de choses, mais parmi celles là, ça a été de refuser qu'on colle les photos ensemble dans cet album.
"On le fera la prochaine fois".
Y'a jamais eu de prochaine fois.
Je le sais maintenant.
Et ça n'a pas été facile de les coller sans toi, certains peuvent en témoigner.
Vraiment pas facile.
Ce soir je sais pas si les étoiles brillent, les volets sont fermés, j'ai pas envie de les rouvrir. Mais sache que le soir d'habitude je regarde le ciel et je me demande si toi aussi il t'arrive de le faire et de te demander où je suis, avec qui, ce que je fais, ce que ma vie devient sans toi.
Je suis toujours aussi inquiet pour ton bonheur, la seule différence c'est que je n'existe plus.
Mais ça change rien.
J’espère que ta vie est au moins 1000 fois mieux sans moi Emma.
Ça ferait au moins 1 des 2 qui y a gagné.