Est-ce normal que la vie produise ce sentiment d'un roller coaster qui descend et remonte à intervalles réguliers?
Surtout, est-ce que c'est encore normal aujourd'hui?
Je passe de bonnes journées, je suis content de me lever le matin; et je suis heureux de me lever pour voir que je suis là debout, que j'ai pu laissé derrière le plus dur, que j'ai pu abandonner ce qui aurait à terme gangrené tout le reste, et m'aurait emmené là où je suis incapable même d'imaginer.
Aujourd'hui je ris, beaucoup, autant qu'avant; surement même bien plus. Je n'ai pas d'angoisses évidentes, je n'ai pas d'inquiétudes quotidiennes. J'ai appris à me concentrer sur ce qui importe vraiment. Je rentre souvent de bonne humeur, satisfait d'une autre journée que je ne regrette pas.
Alors je passe mon badge, j'ouvre la porte, j'attends l’ascenseur, j’appuie sur le bouton 6, j'attends, je sors, et là je regarde le mur sur lequel était il y a quelques temps encore ce plan devant lequel j'étais resté comme un con la fois où tu étais là et t'apprêtait à partir. Lui non plus n'est plus là, comme un signe supplémentaire de changement, de transition essentielle. J'ouvre la porte, je rentre dans le couloir.
Et pourquoi, au moment de tourner j'ai ce réflexe de ralentir, de m'arrêter parfois?
Parce que tous les soirs, en rentrant, je m'apprête à te voir là à attendre devant la porte pour régler les formalités finales de ce qui se veut être une "rupture". Un départ plutôt. Dans une rupture, j'aurais peut-être eu mon mot à dire.
Tant pis.
C'est vrai, j'y pense tous les soirs, sans exceptions, je me fais le film de ce moment. Il n'arrivera surement jamais, du moins pas dans ces circonstances, pas de cette façon, pas à cet endroit.
Quand bien même.
Ta présence est putain de pesante au quotidien Emma.
T'es pas morte, t'es juste partie; mais j'ai sans arrêt ce fantôme qui m'accompagne quand je suis seul. Je le vis pas vraiment mal, j'ai appris; mais il inhibe entièrement tout ce qui aurait pu être positif dans le processus d'adaptation. Et surtout tous les bons souvenirs.
Pas chez moi Emma. A l'heure actuelle, j'ai un trou noir qui occupe quasiment 3 ans de ma vie. Ton passage a déposé des mines à certains endroits auxquels je n'ose plus accéder de peur de tout faire sauter.
Je tiens ton existence aussi loin que possible de la mienne.
Il y a des choses que tu ne sais pas. Dans tout ce qui s'est passé suite à ton départ, j'aurais pu écrire un roman de choses à te raconter. Parfois, ça m'arrive encore, quand il se passe des choses anodines; je me tourne vers mon portable pour te le raconter dans un message.
Ouais, ça arrive encore des fois.
Plus rarement, je me dis que je vais appeler et mettre moi une fin sur ce que toi tu as été incapable de terminer correctement.
Il y a ces nuits où je vais chercher ton numéro dans le répertoire et hésite à prendre la responsabilité d'assumer mes conneries, puis la tienne.
Ça peut paraître égoïste, très ingrat; ça l'est c'est certain.
Et alors, qu'est ce que j'en ai à foutre?
J'ai pas oublié ce sentiment d'être plongé au plus profond, et de n'arriver qu'à regarder en bas pour s'enfoncer encore plus. Cette sensation que plus rien n'a de sens quand on a perdu ce pourquoi on est vivant.
C'est loin derrière aujourd'hui.
Mais je m'en souviens.
J'ai pas peur de faire exploser des choses à la gueule, j'ai pas de pitié à cracher si je dois cracher; sur ton départ, sur la fin de notre histoire; mais honnêtement essentiellement sur moi.
Si un jour tu reviens pour apporter une conclusion finale et que mes mots te blessent, si tes larmes coulent, ce n'est pas dans mes bras que tu trouveras du réconfort cette fois. C'est moi qui passerait pour le méchant, et c'est bien comme ça.
Je t'aime toujours Emma, mais les choses ont changées.
Parce que depuis que je t'ai perdu, moi
J'ai plus rien à perdre.
Aussi fort que j'ai pu devenir, je n'ai jamais pu m'y résoudre.
Si un jour ça te dit, si tu veux la récupérer ou quoi
Ta brosse à dents est toujours à la salle de bain.
http://www.youtube.com/watch?v=y80dNK1ULlQ
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